RICHIE. C est ainsi que ses étudiants le surnommaient, scandant ce prénom, brandissant sa photo, comme s il s agissait d une rock star ou d un gourou. Le soir de sa mort énigmatique dans un hôtel de New-York, une foule de jeunes gens se retrouva, une bougie à la main, devant le temple de la nomenklatura française, Sciences Po. Quelques jours plus tard, le visage mélancolique de Richard Descoings couvrait la façade de l église Saint-Sulpice. Sur le parvis, politiques, grands patrons et professeurs défilèrent silencieusement, comme si l on enterrait un roi secret. Au premier rang, l épouse et le compagnon pleurèrent ensemble sa disparition.
Après des années d enquœte, Raphaëlle Bacqué nous livre ce destin balzacien : l ascension vertigineuse au cSur de la vie politique française d un fils de bonne famille, amateur de transgression. Un de ces hommes qui traversent leur temps et le transforment. Il a fait de Sciences Po le vivier de tous les pouvoirs. Distribuant à l élite des cours rémunérés, faisant de son conseil d administration une pièce maîtresse de l échiquier politique, le Tout Paris l adorait. Mais il a aussi ouvert les amphithédtres aux élèves des banlieues. Envoyé ses étudiants dans les universités les plus prestigieuses du monde. Changé la vie de milliers de jeunes gens. Tout juste s interrogeait-on sur ce directeur homosexuel, pourtant marié à une femme dont il avait fait sa principale adjointe.
Monarque éclairé mais omnipotent, encensé par les médias puis brûlé avec le mœme entrain, personne ne l a percé à jour. Raphaëlle Bacqué nous entraîne aujourd hui sur ses pas ; dans les boîtes du Marais, les cabinets ministériels de la gauche et les salons sarkozystes ; dans les soirées étudiantes déjantées, les bureaux du conseil d Etat, les couloirs de la Cour des comptes et les plus grandes universités du monde ; dans ses nuits solitaires réchauffées par des substances interdites& Personne n a résisté à la folie de...